Dans les sections précédentes, on a surtout considéré les
suites convergentes, c'est-à-dire
celles qui tendent vers une limite finie lorsque \(n\to\infty\).
On n'étudiera pas systématiquement les
suites divergentes, dont les comportements peuvent être aussi compliqués
que variés, mais nous introduirons quand-même
quelques outils qui permettront de décrire certains de ces
comportements divergents.
Par exemple, une classe importante de suites divergentes est celle des suites
qui tendent vers l'infini.
Donc \(a_n\) tend vers \(+\infty\) si elle dépasse et reste au-dessus de n'importe quel seuil \(M>0\) (sous-entendu: arbitrairement grand) lorsque son indice \(n\) est pris suffisamment grand.
Sur l'animation suivante, fixer une valeur du seuil \(M\gt 0\), puis chercher un \(N\) tel que \(a_n\geqslant M\) pour tout \(n\geqslant N\):
Exemple: Montrons que la suite \((a_n)\) définie par \[a_n=\frac{2n-5}{7}\,\] tend vers \(+\infty\). Pour cela, fixons un seuil arbitraire \(M>0\), et remarquons que \[ a_n\geqslant M\quad \Leftrightarrow \quad \frac{2n-5}{7}\geqslant M \quad \Leftrightarrow \quad n\geqslant \frac{7M+5}{2}\,. \] Soit donc \(N:= \lfloor \frac{7M+5}{2} \rfloor +1\). Si \(n\geqslant N\), alors \(n\geqslant \frac{7M+5}{2}\) et donc \(a_n\geqslant M\). Comme on peut trouver un tel \(N\) pour tout seuil \(M\gt 0\), ceci montre bien que \(a_n\to\infty\).
Exemple: Considérons ensuite \[a_n=\frac{n^2}{n+1}\,,\] et montrons que \(a_n\to \infty\). Pour un seuil \(M>0\), on a \[ a_n\geqslant M\quad \Leftrightarrow \quad n^2-Mn-M\geqslant 0 \] Le polynôme \(P(x)=x^2-Mx-M\) possède deux racines, \[x_\pm=\frac{M\pm \sqrt{M^2+4M}}{2}\,,\] et il est positif partout en dehors de l'intervalle \([x_-,x_+]\). En définissant \(N:= \lfloor x_+\rfloor+1\), on a bien \(a_n\geqslant M\) dès que \(n\geqslant N\).
Tout comme les suites convergentes, celles qui tendent vers l'infini obéissent à certaines propriétés.
Théorème: Soient \((a_n)\) et \((b_n)\) deux suites. Si \(a_n\to +\infty\),
Exemple: Considérons la suite \[ x_n=n^3-7\sin(\tfrac{n}{2})\cos(\sqrt{n})\,, \] que l'on peut écrire comme \(x_n=a_n+b_n\), où \[a_n=n^3\,,\qquad b_n=-7\sin(\tfrac{n}{2})\cos(\sqrt{n})\,.\] On voit que \(a_n\to\infty\). On ne sait pas grand chose sur le signe de \(b_n\), mais on sait qu'elle est bornée puisque \[ |b_n|=\bigl|-7\sin(\tfrac{n}{2})\cos(\sqrt{n})\bigr|\leqslant 7\,, \] et donc \[ \lim_{n\to \infty} x_n=\lim_{n\to \infty}(a_n+b_n)=+\infty\,. \]
Exemple: Considérons \[ x_n=\sqrt{n}(2+\cos(n^5))\,, \] que l'on peut écrire comme \(x_n=a_nb_n\), où \[ a_n=\sqrt{n}\,,\qquad b_n=2+\cos(n^5)\,. \] On a \(a_n\to\infty\), mais \(b_n\) n'a visiblement pas de limite. Pourtant, on peut remarquer que \(\cos(n^5)\geqslant -1\), et donc \[ b_n=2+\cos(n^5)\geqslant 2-1=1=:\delta\gt 0\,. \] On a donc \[ \lim_{n\to \infty} x_n=\lim_{n\to \infty} a_nb_n=+\infty\,. \]