La méthode de preuve par récurrence (appelée aussi preuve par induction) est une technique de démonstration qui, quand elle s'applique, permet de démontrer une infinité d'affirmations en seulement deux étapes.
Supposons que l'on définisse, pour chaque entier \(n\geqslant 1\), une certaine propriété \(\mathcal{P}(n)\). Pour chaque \(n\), \(\mathcal{P}(n)\) est soit vraie, soit fausse.
Exemple: Soit \(\mathcal{P}(n)=\)''le nombre entier \(n\) est divisible par \(2\)''. Alors \(\mathcal{P}(1)\) est fausse, \(\mathcal{P}(2)\) est vraie, \(\mathcal{P}(3)\) est fausse, etc. Donc on peut tout de suite résoudre tous les cas: \(\mathcal{P}(n)\) est vraie si \(n\) est pair, fausse si \(n\) est impair.
En mathématiques, on a souvent besoin de montrer qu'une infinité de propriétés
sont vraies simultanément:
\(\mathcal{P}(1)\) est vraie,
\(\mathcal{P}(2)\) est vraie,
\(\mathcal{P}(3)\) est vraie, etc.
Si ces propriétés \(\mathcal{P}(n)\) n'ont rien à voir les unes avec les autres, on
n'a d'autre alternative que de les vérifier les unes après les autres.
Exemple:
Supposons qu'un certain univers contienne une infinité de galaxies.
Soit \(\mathcal{P}(n)\) la propriété ''il existe, dans cet univers, une
galaxie dans laquelle on peut trouver
exactement \(n\) planètes sur lesquelles on trouve de la vie''.
Si on fixe un \(n\) et qu'on se pose la question de savoir si
\(\mathcal{P}(n)\) est vraie ou fausse, on n'a qu'un seul moyen d'obtenir la réponse:
parcourir tout
l'univers jusqu'à trouver une galaxie contenant exactement \(n\) planètes sur
lesquelles on trouve la vie.
Si on a de la chance, on peut espérer étudier la véracité de ces propriétés
\(\mathcal{P}(n)\) en profitant de certaines relations pouvant exister
entre elles, pour des \(n\) différents.
Dans le cas de la récurrence, on s'intéresse à une relation entre les paires
d'entiers consécutifs, \(n\) et \(n+1\), et la relation considérée
est la suivante:
si \(\mathcal{P}(n)\) est vraie, alors \(\mathcal{P}(n+1)\) est vraie aussi.
Exemple: Dans l'exemple du dessus (galaxies), il n'y a aucune corrélation du genre entre les propriétés \(\mathcal{P}(n)\) pour des \(n\) différents, puisque savoir que \(\mathcal{P}(n)\) est vraie n'implique pas forcément que \(\mathcal{P}(n+1)\) soit vraie aussi.
Exemple: Supposons que l'on ait devant nous une très longue table sur laquelle sont posés une infinité d'ordinateurs, numérotés \(1,2,3,\dots\). On découvre avec effroi que sur chacun de ces ordinateurs est installé un système opérationnel propriétaire, issu d'une grande compagnie.
On suppose que ces ordinateurs sont tous allumés, et que pour tout \(n\), le \(n\)-ème ordinateur envoie constamment des données non-cryptées vers son voisin \(n+1\). Dans ce cas, il est absolument certain que si l'ordinateur \(n\) est infecté par un virus, alors l'ordinateur \(n+1\) est infecté aussi. En d'autres termes, si on définit la propriété \(\mathcal{P}(n)=\)''le \(n\)ème ordinateur est infecté par un virus'', on sait que si \(\mathcal{P}(n)\) est vraie, alors \(\mathcal{P}(n+1)\) est vraie aussi.
La méthode de démonstration par récurrence consiste à donner
une démonstration dans laquelle on utilise
une structure semblable à celle de
ce dernier exemple. On la résume comme suit:
Montrer par récurrence
qu'une infinité de propriétés \(\mathcal{P}(n)\) (\(n=1,2,3,\dots\)) sont vraies,
cela consiste
Si on peut effectivement vérifier ces deux étapes, alors 1. implique que \(\mathcal{P}(1)\) est vraie, mais alors 2. implique que \(\mathcal{P}(2)\) est vraie aussi, mais alors 2. implique que \(\mathcal{P}(3)\) est vraie aussi, etc. Par ce procédé, on démontre donc bien que \(\mathcal{P}(n)\) est vraie pour tout \(n\geqslant 1\).
Exemple: Nous allons montrer que pour tout \(n\in \mathbb{N}^*\), \[ \boxed{1+2+3+4+\cdots +n=\frac{n(n+1)}{2}} \] Commençons par nommer les deux membres de l'identité ci-dessus, en posant \[ a_n:= 1+2+3+4+\cdots +n\,,\qquad\text{ et }\qquad b_n:=\frac{n(n+1)}{2}\,. \] Pour un \(n\) spécifique pas trop grand, on peut toujours le vérifier en calculant la valeur de \(a_n\), puis celle de \(b_n\), puis de voir si elles sont égales. Par exemple,
Remarque: En utilisant la même technique, on peut montrer que pour tout \(n\in \mathbb{N}\), \[ \boxed{ 1^2+2^2+3^2+4^2+\cdots +n^2=\frac{n(n+1)(2n+1)}{6} } \] En fait il existe des formules semblables pour toute somme du type \[ 1^k+2^k+3^k+\cdots+n^k\,, \] où \(k\geqslant 1\) est un entier. Voir ici (Mathologer) pour plus d'informations.
Exemple: Posons, pour tout \(n\geqslant 1\), \(a_n=10^n-1\), et considérons l'affirmation \(\mathcal{P}(n)\) définie par ''\(a_n\) est un multiple de \(9\)''.
Rappelons la définition des coefficients binômiaux. Pour un entier \(n\geqslant 1\) quelconque, et pour tout \(1\leqslant k\leqslant n\), \[ \binom{n}{k}:= \frac{n!}{k!(n-k)!} \] En combinatoire, \(\binom{n}{k}\) compte le nombre de façons d'arranger \(k\) objets indistingables dans \(n\) boîtes (un objet par boîte).
Lemme:(formule du binôme de Newton) Soient \(x,y\in \mathbb{R}\). Alors pour tout entier \(n\geqslant 1\), \[ (x+y)^n=\sum_{k=0}^n\binom{n}{k}x^{n-k}y^k\,. \]
(Voir la vidéo)
Voir aussi la vidéo de Michael Penn.