Une autre propriété qu'une fonction peut posséder est par rapport à son
comportement vis-à-vis de la transformation x↦−x.
Ci-dessous, on considère des fonctions dont le domaine
D⊂R est symétrique c'est-à-dire que
si x∈D, alors −x∈D.
f:D→R est dite paire si
f(−x)=f(x)∀x∈D.
Si le point (x,y)=(x,f(x)) appartient au graphe de f, alors le
point
(−x,f(−x))=(−x,f(x))=(−x,y) appartient aussi au graphe de f. On conclut que
le graphe d'une fonction paire est
invariant sous l'effet d'une réflexion par rapport à l'axe Oy.
0,0
x
f(x)
−x
f(−x)
f:D→R est dite impaire si
f(−x)=−f(x)∀x∈D.
Si le point (x,y)=(x,f(x)) appartient au graphe, alors le point
(−x,f(−x))=(−x,−f(x))=(−x,−y)
appartient aussi graphe de f.
Donc le graphe d'une fonction impaire est
invariant sous une rotation de 180o autour de l'origine:
0,0
x
f(x)
−x
f(−x)
Exemple:
Décrivons l'exemple qui est à
l'origine de la dénomination de fonction ''paire'' ou ''impaire''.
Pour un entier p∈Z, la fonction
f(x)=xp
est
paire si p est pair,
impaire si p est impair.
Remarquons que si
p est négatif, alors
0 ne fait pas partie du domaine de f.
0,0
f(x)=x2
x
f(x)
−x
f(−x)
Exemple:
Sur D=R, x↦cos(x) est paire,
0,0
x
−x
et x↦sin(x) est impaire,
0,0
x
−x
Sur D=R∖{2π+kπ:k∈Z},
x↦tan(x) est impaire:
0,0
x
−x
En effet,
tan(−x)=cos(−x)sin(−x)=cos(x)−sin(x)=−tan(x).
Exemple:
Montrons que la fonction f:R∗→R définie par
f(x)=ex−e−xsin(2x)
est paire. En effet, pour tout x∈R∗,
f(−x)=e−x−e−(−x)sin(2(−x))=−(ex−e−x)−sin(2x)=ex−e−xsin(2x)=f(x).
Pour montrer qu'une fonction n'est pas paire (resp. pas impaire), il suffit de
trouver un point x∗ de son domaine où f(−x∗)=f(x∗) (resp.
f(−x∗)=−f(x∗)).
Exemple:
Considérons, sur R, la fonction f(x)=x+1.
On remarque que f(−1)=0 et f(1)=2, et donc
f(−1)=f(1), et donc f n'est pas paire.
Et comme f(−1)=−f(1), f n'est pas impaire non plus.
Une fonction, en général, n'a pas de raison d'être paire ou impaire; pourtant
toute fonction contient un peu d'une fonction paire, et un peu d'une
fonction impaire:
Lemme:
Si D est symétrique,
toute fonction f:D→R peut s'écrire, de manière unique,
comme la somme d'une fonction paire et d'une fonction impaire.
Cherchons à écrire f(x)=p(x)+i(x), où p(x) est paire
et i(x) est impaire. On doit donc avoir
f(−x)=p(−x)+i(−x)=p(x)−i(x), et donc
i(x) et p(x) doivent satisfaire
f(x)f(−x)=p(x)+i(x)=p(x)−i(x).
Ce petit système linéaire se résout facilement. Sa solution est unique, et
donnée par
p(x)=2f(x)+f(−x),i(x)=2f(x)−f(−x).
Exemple:
Sur R, f(x)=ex n'est ni paire ni impaire, mais on peut
quand-même l'écrire
ex=p(x)+i(x), où
p(x)=2ex+e−x=cosh(x)
est paire, et
i(x)=2ex−e−x=sinh(x)
est impaire.
(Pour les fonctions hyperboliques, voir
ici.)
Quiz 6.3-1 :
Soit f une fonction dont le domaine D est symétrique et contient
l'origine. Vrai ou faux?
Il existe a>0 tel que D=[−a,a] ou D=]−a,a[.
f est soit paire, soit impaire.
Si f n'est pas paire, alors f(−x)=f(x) pour tout x∈D.
Si f n'est pas impaire, alors f(−x)=−f(x) pour tout x∈D.
Si f est impaire, alors f(0)=0.
Si f est impaire, alors
f(x)>0 pour tout x>0
et
f(x)<0 pour tout x<0.
Si f est paire, alors f2 est aussi paire.
Si f est impaire, alors f2 est aussi impaire.
f est en même temps paire et impaire si et seulement si
f est identiquement nulle sur D.