Une question géométrique
naturelle, et très utile pour l'étude d'une fonction,
est de savoir comment calculer l'équation de
la droite tangente au graphe d'une fonction, en un point (x0,f(x0)):
0,0
x0
f(x0)
x
f(x)
A
Pente de la tangente: 1.2495
Pente de la seˊcante: 1.5450
Pour connaître l'équation de cette droite, de la forme
y=mx+h,
on commence par chercher sa pente m.
Et quand on cherche la pente d'une droite, on a besoin de deux
points sur cette droite et ici, on n'en a qu'un, à savoir le point
(x0,f(x0)).
L'idée est de passer par un processus de limite.
En effet, introduisons un deuxième point sur le graphe, (x,f(x)), où
x est un point différent de x0, et considérons la sécante
passant par les points (x0,f(x0)) et (x,f(x)).
La pente de cette sécante est donnée par
x−x0f(x)−f(x0).
Lorsque x est proche de x0, cette
pente approxime celle de la droite
que l'on cherche, m.
Dans la limite x→x0 (tester sur l'animation ci-dessus), elle devrait même tendre
exactement vers m:
x→x0limx−x0f(x)−f(x0)=m.
L'existence de la limite ci-dessus n'est pas garantie en générale.
Soit f définie en x0∈R et dans son voisinage.
On dit que f est dérivable en x0 si le nombre f′(x0) défini
par la limite
f′(x0)=x→x0limx−x0f(x)−f(x0)
existe (et est fini). On appelle f′(x0) la
dérivée (ou nombre dérivé) de f au point x0.
Remarque:
Dans la limite qui définit f′(x0), ci-dessus, la variable x est
utilisée uniquement pour calculer la limite; on dit qu'elle est muette.
On donc peut écrire f′(x0) de différentes manières:
f′(x0)=x→x0limx−x0f(x)−f(x0)=z→x0limz−x0f(z)−f(x0)=h→0limhf(x0+h)−f(x0),
où, dans la dernière égalité, on a fait le changement de variable h:=z−x0.
Exemple:
Soit f(x)=x2. Au point
x0=1,
f′(1)=h→0limhf(1+h)−f(1)=h→0limh(1+h)2−12=2.
Donc la tangente à la parabole au point d'abscisse x0=1 a une pente de
2. Son équation est donc de la forme y=2x+b, et comme elle doit passer
par le point (1,f(1))=(1,1), on trouve b=−1. Donc la tangente au point
(1,1) a pour équation y=2x−1.
Exemple:
Soit f(x)=x1. Au point x0=−2,
f′(−2)=x→−2limx−(−2)f(x)−f(−2)=x→−2limx+2x1−−21=−41.
Origines possibles de la non-dérivabilité en un point
Voyons quelques exemples de fonctions qui ne sont pas dérivables.
Exemple:
Considérons
f(x)=∣x∣.
Au point x0=0, la dérivée s'obtient
en prenant la limite x→0 du rapport
x−0f(x)−f(0)=x∣x∣={−1+1 si x<0, si x>0.
Or ce signe n'a pas de limite quand x→0,
donc f n'est pas dérivable en
x0=0. Cela fait sens du point de vue géométrique, puisqu'en
ce point son graphe ne possède pas de droite tangente naturellement
définie:
Exemple:
Considérons f(x)=3x.
Au point x0=0, la dérivée s'obtient
en prenant la limite x→0 du rapport
x−0f(x)−f(0)=x3x=3x21.
Or cette limite est +∞, donc f n'est pas dérivable en
x0=0. Cela fait sens du point de vue géométrique, puisqu'en
ce point son graphe possède une droite tangente, mais verticale (de pente infinie):
Exemple:
Considérons
f(x)={xsin(x1)0 si x=0, si x=0.
Au point x0=0, le rapport donnant la pente de
la droite de la sécante est
x−0f(x)−f(0)=sin(x1),
qui comme on le sait ne possède pas de limite lorsque x→0.
Donc f n'est pas dérivable en 0:
Taux d'accroissement et la notation de Leibniz
De par sa signification géométrique, la dérivée est toujours une limite d'un
quotient de deux quantités qui tendent vers zéro. (C'est pour ça que les
indéterminations ''00'' sont si importantes!)
f′(x0)=x→x0limx−x0f(x)−f(x0).
Interprétons cette limite en introduisant
des nouvelles notations:
Δf:=f(x)−f(x0) représente
l'incrément de la fonction.
Δx:=x−x0 représente l'incrément de la variable.
D'un point de vue quantitatif, ces deux incréments sont petits lorsque x est
proche de x0;
Δf dit exactement de
combien f varie lorsque
x s'écarte de x0 d'une distance Δx:
Ensuite, l'existence de la dérivée,
f′(x0)=x→x0limΔxΔf,
signifie que quand l'incrément Δx est petit, alors
Δf est essentiellement proportionnel à Δx, la constante de
proportionnalité étant f′(x0):
Δf≃f′(x0)Δx
On conclut que la dérivée f′(x0) représente letaux d'accroissement localde f en x0: si on varie la variable de x0 à
x0+Δx, alors la
valeur de la fonction passe
de f(x0) à f(x0)+Δf, où Δf est essentiellement
proportionnel à Δx, comme dans la relation ci-dessus.
Si on admet pendant un instant qu'il est possible de considérer des incréments
infiniment petits, de la fonction et de la variable, que l'on notera
respectivement df et dx, alors la dérivabilité de f en x0
signifie que ces deux infiniment petits sont proportionnels, la
constante de proportionalité étant précisément la dérivée en x0:
df=f′(x0)dx.
La notation suivante, appelée notation de Leibniz,
est donc naturelle:
f′(x0)=dxdf(x0)
Dérivabilité implique continuité
On l'a dit, pour que f soit dérivable en x0, il faut que sa droite tangente soit
bien définie; elle doit être assez lisse en x0. En particulier,
son graphe ne peut pas faire de saut en x0:
Lemme:
Si f est dérivable en x0 alors elle est continue en x0.
Si f est dérivable en x0, alors en multipliant et divisant par
x−x0,
x→x0lim(f(x)−f(x0))=x→x0lim[→f′(x0)x−x0f(x)−f(x0)]→0(x−x0)=f′(x0)⋅0=0.
Donc limx→x0f(x)=f(x0), et donc f est continue en x0.
Remarque:
Attention, la réciproque de l'affirmation du lemme n'est pas vraie.
C'est-à-dire que ''continuité'' n'implique pas ''dérivabilité''.
Par exemple, on a vu que f(x)=∣x∣ n'est pas dérivable en x0=0, pourtant
elle est bien continue en ce point.
On a vu ci-dessus plusieurs façons de
construire une fonction qui est continue
mais pas dérivable en un point.
Il est naturel de se poser la question de savoir
s'il existe des fonctions qui sont
continues partout mais dérivables nulle part.
Considérons
f(x):=n⩾0∑2ncos(9nx).
Puisque
0⩽2ncos(9nx)⩽2n1,
cette fonction est bien définie pour tout x∈R; elle est paire. Avec un peu plus de travail,
on peut montrer qu'elle est aussi continue sur R. Et avec
encore un peu plus de travail, on peut montrer qu'elle n'est
dérivable en aucun point de R.
0,0
x
f(x)
Quiz 9.1-1 :
Soit f dérivable en x0, dont la dérivée est notée f′(x0). Alors
le nombre f(x0) est bien défini
h→0limhf(x0)−f(x0−h)=f′(x0)
h→0limhf(2x0+h)−f(2x0)=2f′(x0)
z→x0limz−x0f(z)−f(x0)=f′(x0)
h→0limhf(x0+h2)−f(x0)=0
h→0limhf(x0+h)2−f(x0)2=f′(x0)2
Quiz 9.1-2 :
Soient f,g:R→R dérivables en x0.
et soit
h:R→R
définie par
h(x):={f(x)g(x) si x<x0, si x⩾x0.
Alors h est dérivable en x0, et h′(x0)=g′(x0).
VRAI
FAUX
Quiz 9.1-3 :
Soit f définie sur un intervalle ouvert contenant
x0, dérivable en x0. Vrai ou faux?
f est continue en x0.
Si f(x0)=2, alors f′(x0)=0.
⚡ f est dérivable dans tout un voisinage de x0.
f est continue dans un voisinage de x0.
Il existe δ>0 tel que sur ]x0−δ,x0+δ[,
le graphe de f est une droite.
Il existe δ>0 tel que
f est monotone sur ]x0−δ,x0] et sur [x0,x0+δ[.