Comme première application de la formulation vectorielle d'un système linéaire \(m\times n\), revisitons le Théorème ''\(0,1,\infty\)'', en donnant une preuve plus transparente que celle vue précédemment:
Théorème: Soit \(A\) une matrice \(m\times n\), \(\boldsymbol{b}\in \mathbb{R}^m\) un second membre, et soit \(S_{(*)}\) l'ensemble des vecteurs \(\boldsymbol{x}\in \mathbb{R}^n\) solutions de \[ (*):\quad A\boldsymbol{x}=\boldsymbol{b}\,, \] Si \(S_{(*)}\) n'est pas vide, alors soit il contient exactement un vecteur, soit il en contient une infinité.
(La preuve est la même que dans la première version, mais formulée dans un
langage vectoriel.)
Supposons que \(S_{(*)}\) n'est pas vide, et qu'il contient plus d'un élément.
On a donc deux vecteurs \(\boldsymbol{x},\boldsymbol{y}\in \mathbb{R}^n\) distincts, tels que
\[A\boldsymbol{x}=\boldsymbol{b}\,,\qquad A\boldsymbol{y}=\boldsymbol{b}\,.\]
Considérons un scalaire \(\lambda\) quelconque, et définissons
\[\boldsymbol{z}:=\boldsymbol{y}+\lambda(\boldsymbol{x}-\boldsymbol{y})\,.\]
Si \(\lambda\) est différent de \(0\) et \(1\), alors
\(\boldsymbol{z}\) est différent de \(\boldsymbol{x}\) et de \(\boldsymbol{y}\)
.
Vérifions que \(\boldsymbol{z}\) est aussi solution de \((*)\). En effet, par la
linéarité démontrée dans le lemme,
\[
A\boldsymbol{z}=A\bigl(\boldsymbol{y}+\lambda(\boldsymbol{x}-\boldsymbol{y})\bigr)
=\underbrace{A\boldsymbol{y}}_{=\boldsymbol{b}}
+\lambda \bigl(\underbrace{A\boldsymbol{x}-A\boldsymbol{y}}_{=\boldsymbol{b}-\boldsymbol{b}=\boldsymbol{0}}
\bigr)=\boldsymbol{b}\,.
\]
On peut donc, en choisissant \(\lambda\), créer une infinité de nouvelles
solutions.
La formulation vectorielle permet d'interpréter géométriquement la
preuve donnée ci-dessus. En effet, on sait de la géométrie analytique que
le vecteur
\(\boldsymbol{z}=\boldsymbol{y}+\lambda(\boldsymbol{x}-\boldsymbol{y})\) a son extrémité située sur la
droite passant \(\boldsymbol{y}\), dirigée par \(\boldsymbol{x}-\boldsymbol{y}\):